Le Puffin des Baléares, dont la population totale est estimée à 25 000 individus, est menacé d’extinction et les derniers modèles démographiques tendent à montrer que sa disparition devrait être effective d’ici 60 ans. Ils montrent également que le taux de survie adulte est excessivement bas, principalement expliqué par une mortalité significative causée par les captures accidentelles par la pêche professionnelle. L’impact actuel des captures accidentelles sur cette espèce, participant à hauteur d’au moins 45% du taux de mortalité adulte actuel, est aujourd’hui considéré comme non compatible avec sa survie (Genovart et al., 2016). Mais cette tendance doit pouvoir être inversée en agissant sur les facteurs qui conduisent à ces captures accidentelles.
Les connaissances sur les captures accidentelles relatives au Puffin des Baléares proviennent de l’Espagne et du Portugal, où des études de caractérisation et même des tests de mesures de réduction avec dispositifs dédiés ont été mis en œuvre.
- Les petits bateaux côtiers et polyvalents, qui pratiquent la pêche à la palangre démersale et la pêche au filet (maillant + trémail).
- La pêche à la senne coulissante, utilisée pour capturer les petits pélagiques comme la sardine.
Palangre démersale, filets maillants/trémails et bolinche: les engins de pêche les plus impliqués dans les captures accidentelles de Puffin des Baléares
Parmi les objectifs du Plan National d’Actions, celui de l’amélioration des connaissances relatives aux interactions entre la pêche professionnelle et le Puffin des Baléares, pour en réduire les éventuels risques induits, est prépondérant. 6 sites prioritaires ont été identifiés et spatialisés sur la base des résultats du modèle d'habitat produit lors de la phase de de rédaction du plan: la baie de Saint-Brieuc, la mer d'Iroise, le Mor Braz, la ZPS île d'Yeu, le littoral basco-landais, le golfe du Lion.
Sites pilotes proposés pour le programme CARI3P
Le programme CARI3P vise à mettre en œuvre ces dispositifs de caractérisation des interactions (captures accidentelles) avec les palangriers, les fileyeurs et les bolincheurs au sein de ces différents sites pilotes. Ce travail de caractérisation constitue un préalable pour appréhender finement la situation (interaction ou non, caractérisation de celle-ci : nombre, contexte, facteurs aggravants, navires concernés…). Dans l’éventualité où des interactions étaient constatées dans le cadre de ce projet, les données collectées permettront de dimensionner les besoins et de calibrer les moyens, afin de tester et mettre en place des solutions de réductions des risques de capture accidentelle.
Au niveau local, les actions engagées sur le terrain permettront de sensibiliser les professionnels à la problématique des captures accidentelles des Puffin des Baléares. Le réseau ainsi constitué permettra de faciliter la collecte des données (enquête et observations en mer) mais aussi de travailler avec un groupe de pêcheurs volontaires pour la possible réalisation de tests en mer dans l'éventualité où un projet visant à éprouver des mesures de réduction devait succéder à CARI3P.
Il s’agira de collecter des données recueillies au travers de différentes méthodes déjà éprouvées en Espagne et au Portugal sur les mêmes thématiques et pour la même espèce :
Activité de pêche dans le golfe de Gascogne ©Adrien lambrechts - OFB
Dès 2020, les enquêtes pour le site "golfe du Lion" avaient pu être réalisées, à la faveur des enquêtes VALPENA réalisées par le CRPMEM Occitanie. Un questionnaire complémentaire avait été alors ajouté pour prendre en compte les enjeux relatifs au Puffin des Baléares.
En 2021, les embarquements ont été réalisés pour les sites golfe du Lion (de mai à juillet), mer d'Iroise, Mor Braz et ZPS île d'Yeu (de juin à octobre). Un trentaine de marées à la palangre ont ainsi été couvertes pour les 3 sites CARI3P "stricts" (golfe du Lion, ZPS île d'Yeu et Mor Braz) pendant la période à risque. En Iroise, entre avril et septembre, 6 marées ont été couvertes pour la palangre, 43 pour les fileyeurs, et 18 pour les bolincheurs.
Pour les sites Mor Braz et ZPS île d'Yeu, les enquêtes ont été menées entre février et mai 2022. Elles sont suivies par celles menées sur les sites baie de Saint-Brieuc et littoral basco-landais, en cours (été 2022).
Les enquêtes auprès des pêcheurs ont été menées de février à mai 2022 pour le site Mor Braz ©AGLIA
Courant 2022, les campagnes d'embarquements sur la flottille palangrière se poursuivent :
La deuxième campagne pour le sites golfe du Lion a été réalisée entre avril et juin (12 marées observées)
Les observations embarquées CARI3P pour le site golfe du Lion ont été menées d'avril à juin 2022. 12 marées ont pu être observées ©Mathilde Charpentier - CRPMEM Occitanie
En mer d'Iroise, le Parc Naturel Marin poursuit son programme de sur-échantillonnage OBSMER (5% palangre et filet, 2% bolinche), et alimentera les données CARI3P pour ce site
Les observations embarquées ont débuté en juin pour les sites baie de Saint-Brieuc, Mor Braz et ZPS île d'Yeu (juin à octobre), et en juillet pour le site basco-landais (juillet à novembre). Pour ce dernier site, les 3 flottilles (palangriers, fileyeurs et senneurs bolincheurs) sont échantillonnées dès 2022.
Les observations embarquées CARI3P sont en cours de réalisation sur la façade atlantique, ici dans le Mor Braz ©AGLIA
Retrouver le détail de l'avancement du programme CARI3P et les premiers résultats des enquêtes et embarquements dans le compte-rendu du COPIL du 07 juillet 2022, téléchargeable ici:
Télécharger le support diaporama du COPIL du 07/07/2022
Télécharger le CR du COPIL du 07/07/2022
Les actes de la réunion du Comité de Pilotage de CARI3P qui s'est tenue le 13 décembre 2021 sont téléchargeables ici:
Télécharger le support diaporama du COPIL du 13/12/2021
Télécharger le CR de la réunion du COPIL du 13/12/2021
Le bilan des campagnes CARI3P 2022 pour les sites du littoral basco-landais et de la baie de St-Brieuc sont téléchargeables ici:
Télécharger ici le support diaporama du COPIL CARI3P basco-landais du 06/03/2023
Télécharger ici le support diaporama du COPIL CARI3P baie de St-Brieuc du 02/03/2023
Enfin, courant 2022 un dossier sera déposé dans le cadre de la nouvelle porgrammation FEAMPA. Il permettra d'assurer les nouvelles campagnes d'observation sur les flottilles fileyeurs et bolincheurs, mais aussi de réaliser l'analyse des résultats de l'ensemble des données collectées (enquêtes + observations embarquées). Le financement de tests de mesures de réduction des risques de capture accidentelle y sera ausssi possiblement demandé.
Pour les 3 premiers sites pilotes (Mor Braz, ZPS île d'Yeu et golfe du Lion), le programme CARI3P est financé par l'Europe via le FEAMP, avec un co-financement par les sociétés de projets des parcs éoliens en mer de Saint-Nazaire (EDF-Re) et Noirmoutier-Yeu (Engie Green). Coordonné par l'AGLIA, il associe les organismes de représentation socio-professionnels de la pêche en tant que partenaires bénéficiaires: CRPMEM Bretagne, COREPEM, CRPMEM Occitanie. L'OFB et l'IFREMER sont associés en tant que partenaires techniques.
En ce qui concerne le site mer d'Iroise, le programme est mis en oeuvre par le Parc Naturel Marin d'Iroise, au travers de son travail de suréchantillonnage Obsmer (campagnes d'observations embarquéées) déjà engagé depuis plusieurs années sur différentes flottilles.
Pour la baie de Saint-Brieuc, le programme est financé par la DREAL Bretagne et assuré par le Comité Départemental des Pêches des Côtes d'Armor, sous coordination de l'AGLIA.
Pour le littoral basco-landais, le programme est financé par l'OFB, avec co-financement de la DREAL Nouvelle-Aquitaine et de France Filière Pêche, et assuré par le CRPMEM Nouvelle-Aquitaine et le CIDPM 64-40, sous coordination de l'AGLIA.
Un Comité de Pilotage assure le suivi et la bonne marche du programme. Il est constitué des différents partenaires du programme listés plus haut, mais aussi des représentants des services et agnces de l'état (DREAL, DIRM, OFB).