Le 28/03/2019 - 10:00 - 11:00
Le cargo "Grande America" en route de Hambour (Allemagne) pour Casablanca (Maroc), a coulé le 12 mars 2019 à 333 km à l'ouest des côtes françaises, à hauteur de La Rochelle, par 4°600 m de fond, à la suite d'un incendie qui s'était déclaré 2 jours plus tôt à bord de ce navire de 214 mètres de long.
D'après la Préfecture Maritime (Premar), le bateau contenait 365 conteneurs dont 45 répertoriés comme contenant des matières dangereuses.
Parmi ces matières répertoriées par le code maritime international des matières dangereuses, figuraient 85 tonnes d'hydrogénosulfure de sodium utilisé notamment dans l'industrie du cuir, 62 tonnes de résine, 16 tonnes de substitut de térébenthine (White Spirit), 720 tonnes d'acide chlorhydrique, 25 tonnes de fongicides ou 9 tonnes d'aérosol.
Parmi les matières considérées comme non dangereuses, 5 conteneurs de lubrifiants, 2 tonnes de pneus, 18 tonnes d'engrais ou encore 24 conteneurs d'acier.
Sur les 2.100 véhicules transportés, le chargement contenait 190 poids lourds, 22 bus ou 64 engins de chantier.
Du côté des carburants, outre les 2.200 tonnes de fioul lourd déjà annoncées, le Grande America transportait 190 tonnes de diesel marin et 70.000 litres d'huile.
Plusieurs nappes d'hydrocarbures ont été constatées peu de temps après le naufrage.
Des navires sont mobilisés pour effectuer des opérations de pompage en mer.
Evaluation des enjeux " habitats " et " oiseaux marins " :
Les équipes de l'Agence française pour la biodiversité (AFB) contribuent au plan antipollution coordonné par les services de l'État suite au naufrage de " Grande America " à l'ouest des côtes de la Charente-Maritime et à la pollution en mer générée.
Elles apportent leurs compétences environnementales à la gestion de crise au sein du volet POLMAR du dispositif ORSEC en appui notamment à la préfecture maritime de l'Atlantique et à la cellule de zonage de suivi environnemental de la DREAL Aquitaine.
L'AFB a mis en particulier à disposition des cartes permettant d'identifier et de géo localiser les habitats marins et littoraux les plus sensibles aux pollutions par hydrocarbures. Ces informations ont pour objectifs d'aider l'action de l'État en mer et le choix des priorités des interventions de dépollution.
L'AFB appuie également les autorités sur les risques potentiels encourus par les oiseaux marins. Elle a fourni un état des lieux des enjeux écologiques pour les oiseaux de la façade - dont certains sont protégés - et préciser leur présence en cette période de l'année.
Une structuration des centres des littoraux Atlantique et Manche
Dès l'annonce du naufrage, chaque centre de sauvegarde et unités mobiles de soins des littoraux Atlantique et Manche (Hegalaldia, Alca Torda, LPO Audenge, Marais aux Oiseaux, Volée de Piafs, LPO Ile Grande, LPO UMS et le centre Vétérinaire de la Faune Sauvage et des Écosystèmes des Pays de la Loire) a fait l'inventaire des personnes compétentes et du matériel disponible pour la prise en charge d'éventuels oiseaux mazoutés. En moins d'une semaine, tous ces centres se regroupaient et une organisation commune du secours à la faune mazoutée était préfigurée et transmise aux autorités pour l'accueil des oiseaux mais aussi de tortues (Aquarium La Rochelle) ou de mammifères marins (Pélagis La Rochelle et Océanopolis Brest). Contacts sur https://www.lpo.fr/grandeamerica
Des prélèvements et analyses sur les premiers échouages
Le 19 mars, un Fou de Bassan était retrouvé mort à Hendaye (64) et récupéré par le centre Hegalaldia. Le lendemain, le centre Alca Torda recueillait un Grand Labbe échoué vivant à Messanges (40), sans parvenir à le sauver. Des prélèvements effectués sur les deux cadavres au niveau du centre en présence d'un officier de Police judiciaire ont été rapidement transmis au CEDRE (Centre de documentation, de recherche et d'expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux) pour analyse (méthodologie mise en place par les structures de sauvegarde en lien avec la pré-cellule de veille environnementale pilotée par la DREAL/ Direction régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement).
Le 23 mars, les préfectures des Landes et des Pyrénées Atlantiques confirmaient que le polluant retrouvé sur les deux oiseaux provenait bien du fioul du navire Grande America.
Bien que d'autres soient probablement mazoutés voire mourants ou morts au large, il reste aujourd'hui difficile de se prononcer sur une arrivée massive d'oiseaux mazoutés sur les côtes françaises. L'ensemble des centres partenaires reste néanmoins en alerte maximale et poursuit sa veille le long du littoral en préparant les moyens à déployer.
Conduite à tenir si vous découvrez un animal victime de pollution marine :
Disposant de nombreuses antennes sur cette façade sud-Atlantique, notre partenaire de la LPO suit attentivement l'évolution de la situation, prépare et organise au mieux l'intervention, avec une préfiguration d'arrivées de polluants et d'oiseaux mazoutés sur les côtes.
Vous trouverez les dernières ACTU et les CONSIGNES à suivre en cas de découverte d'un animal victime de pollution marine.